Thème : « la philosophie !. Pour quoi faire ? » ou : » la philosophie à quoi ça sert ? »
Douze personnes ont participé à la rencontre.
Serge ; Gérald ; François ; Thérèse ; Daniel ; Alain ; Achille ; Jean Christophe ; Nathalie ; Daniel ; Nadège ; Jean Pierre.
Préliminaires. Il a été débattu les questions suivantes :
– Faut-il tenir un livre d’architecture ? : la réponse est OUI. Il y aura donc un compte rendu des travaux consignés sur un livre ad hoc.
– Faut-il édicter un règlement ? : la réponse est NON. Il a été admis que chacun fera en sorte de ne prendre la parole qu’à son tour, et évitera en toute occasion de couper la parole a qui que ce soit.
– Faut-il que chacun appose son nom sur le livre d’architecture ? : Il a été convenu que chacun fera comme bon lui semblera. Toutefois il sera possible d’user du simple prénom ou d’un nom inventé laissé à l’imagination de chacun.
– Faut-il désigner un « modérateur – animateur » à chaque réunion : la réponse est mitigée, mais penche vers le OUI.
En plus de l’engagement qui préside à nos rencontres, il a été précisé que :
– Il s’agit d’extériorisation des travaux maçonniques
– Que cela faciliterait de toute façon les relations entre les obédiences
– Que ces rencontres permettent de présenter la Maçonnerie à des profanes intéressés sous un aspect différent de celui qui apparaît généralement dans les médias.
– Mais que le fait que des profanes participent à ces rencontres n’implique surtout pas qu’il s’agit d’une plate-forme de recrutement
– Aucune prérogative n’est attribuée à aucune loge ou obédience au cours de ces rencontres.
– Le débat autour du thème choisi doit toujours exclusivement se dérouler durant le repas.
– Aucune loge n’est invitante, aucune n’est invitée. La plus parfaite égalité préside aux travaux.
– Les profanes participent en toute égalité aux travaux, ils prennent la parole et en usent exactement de la même manière que les SS et FF présents.
– Les profanes sont nos invités, ils doivent être traités comme tels.
Le débat
Du débat animé, on pourra détacher trois périodes principales, qui apparaissent comme suit :
– La philosophie se pose tout d’abord comme une nécessité fondamentale.
– La philosophie a un statut.
– Et enfin elle repose sur une pratique.
Le fondement même de la philosophie.
– C’est avant tout une question métaphysique : Ce que les sciences ne peuvent expliquer fera l’objet d’un questionnement philosophique.
– Existe-t-il quelque chose que l’on puisse appeler « vérité »…
– Pourquoi sommes-nous « au monde »…
– Pourquoi il y a quelque chose et non rien…
– Quelle est la place de l’homme dans l’univers… l’existence a-t-elle un sens..
Mais plus que d’autres, ce sont certaines questions qui imposent une attitude philosophique, ainsi :
– Comment apprendre à mourir… Ou mieux : Comment apprendre à vivre…
– C’est notre conscience d’être mortel qui nous oblige à nous mettre en quête d’un sens, si toutefois il en existe un.
– La philosophie est le résultat d’une prise de conscience. Elle exige un idéal d’existence.
– La philosophie est une religion dans le sens où elle « relie » (religere) les êtres humains
Peu à peu la philosophie a acquis un statut.
La philosophie dit « pourquoi », la science dit « comment ». Mais tout au début elle recouvrait la plupart des connaissances, des sciences aux mathématiques en passant par les arts.
Puis elle devint la servante de la théologie au Moyen Age religieux, pour enfin voler de ses propres ailes grâce à DESCARTES. Elle se plaça au-delà de la physique (sciences), c’est à dire qu’elle devint métaphysique.
Un long débat s’en suivit à la question de savoir si la philosophie avait à faire avec la morale. Les kantiens assurèrent que c’était évident, mais d’autres prétendirent que morale était juste une affaire de code, de corpus juridique, une simple question d’assurer le bon fonctionnement de la cité. Bien que, comme il a été rappelé, les anciennes divisions de la philosophie à l’université supposaient l’étude de la logique, de la morale et de la métaphysique.
La pratique de la philosophie.
Avant tout, la philosophie est une pratique, mais on ne fait pas de la philosophie avec tout. C’est une méthode et un état d’esprit, une disposition à chercher la meilleure façon de vivre, voire de survivre si l’on se reporte à ADORNO.
La philosophie semble avoir la vie pour objet, comprendre, comme il a déjà été dit, mais surtout rechercher le bonheur. COMTE-SPONVILLE, ONFRAY et, EPICURE ont été cités. Cela suppose une maîtrise des passions, c’est à dire de ce qui nous rend passifs..
La philosophie est donc un apprentissage.
Or il a semblé que l’homme heureux n’est pas philosophe, réflexion qui mériterait d’être poursuivie. Par contre il a été admis sans réserve que l’homme dans le malheur (exemple du désastre de la Nouvelle Orléans) a autre chose à penser qu’à philosopher.
Philosopher c’est apprendre à argumenter, il s’agit donc bien – au-delà d’une recherche de connaissance – d’une méthode, afin d’aller vers « l’excellence ».
Les questions sont plus essentielles que les réponses. Il faut donc apprendre à poser les questions !
Pour Gilles DELEUZE la philosophie sert à créer des concepts… c’est son unique objet.
Mais peut-être que tout simplement la philosophie permet de vivre l’instant présent dans la sérénité, une fois que l’on a admis que la liberté repose sur l’acceptation de la nécessité…
La réunion s’est achevée avec CAMUS et « le suicide philosophique »: Si, comme un tableau est « fini » à un moment donné (on ne peut rien y ajouter)… La philosophie peut-elle ajouter à la philosophie ?
Conclusion provisoire.
De cette première rencontre l’on peut tirer plusieurs enseignements qui concernent plus spécialement la Maçonnerie.
Tout d’abord il est intéressant de voir comment se comporte un groupe de Maçons (et Maçonnes) en dehors de nos At. respectifs, c’est à dire quand nous sommes privés du support des constitutions, règlements et rituels.
Il ne s’agit ici ni de Ten. Blanches, ni de conférence publique visant à présenter la Maçonnerie, et encore moins de Banquet familial..
Au-delà des travaux relatifs aux thèmes proposés, il s’agit bien d’une extériorisation maçonnique.
Cela peut d’ailleurs gêner à priori certains SS et FF, et ce pour diverses raisons. Mais la crainte, par exemple de se dévoiler, ne tient pas dans la mesure où il n’est fait usage que des prénoms et où le tutoiement (y compris de la part des profanes) est d’usage.
Ensuite il est intéressant de saisir l’impression faite par les Maçons au travers du regard des profanes qui participent à ces rencontres. Le long usage des travaux de Loges, pouvant à la longue émousser quelques peu nos sens, nos émotions et surtout notre attitude à œuvrer maçonniquement dans le monde extérieur.
Enfin, sans négliger le fond des sujets traités, c’est la forme peut-être qui nous intéresse le plus ici.
Le but de ces rencontres n’est pas d’épuiser les sujets, mais surtout de développer une forme à la fois efficace et harmonieuse d’échange.
C’est pourquoi il est nécessaire qu’un F. ou une S. s’applique à conduire les débats avec une douce fermeté et une attention de tous les instants à inciter les participants les plus timides à s’exprimer en toute liberté.
La satisfaction sera générale si chacun est persuadé qu’il a pu s’extérioriser et échanger à propos d’un thème riche et captivant.
Le fait que chaque groupe sera différent (puisque réuni avec un certain hasard) devrait nous apporter beaucoup d’informations nouvelles sur ce type de réunion. Cette première rencontre a été jugée positive par tous les participants,
La prochaine rencontre se tiendra le lundi 10 octobre 2005, le thème choisi est : » Rôle de la femme dans la société ».