Thème : La recherche de l’idéal
Douze personnes ont participé à la rencontre :
Dominique ; Christian ; Florence ; Jenny ; Nathalie ; Nadège
François ; Bruno ; Daniel ; Henk ; Jean-Christophe ; Serge
Comment ? Un grand homme ? Je n’y vois jamais que le comédien de son idéal personnel.
Est-ce le cocktail, le Tariquet, le Côte du Rhône… ou encore le Champagne… Quoi qu’il en soit, le parcours ce soir, fut particulièrement labyrinthique.
Déjà définir le mot « idéal » n’est pas une mince affaire. On aurait pu se contenter d’une définition à minima, du genre Petit Larousse : «Idéal »
Nom : Modèle d’une perfection absolue
Adjectif : Qui n’existe que dans la pensée, non dans le réel ; qui relève de l’idée ; qui est conçu par l’esprit…
Mais très vite le terme est apparu comme pouvant définir « quelque chose » d’inatteignable, situé au-delà de toute approche humaine. D’où une longue liste d’objets pouvant entrer dans un ensemble « idéal » ainsi : la République ; l’enseignement défini par Jules Ferry ; les prétentions des Lumières ; la devise Liberté – Egalité – Fraternité ; un lieu, une pensée, un concepts (la Justice par exemple) ; l’amour, une femme… Ce qui est insurpassable ; parfait ; incomparable ; sublime ; admirable…
On avança que tout idéal que l’on peut fixer n’est pas un idéal. Quelque chose comme le Tao, qui cesse d’être Tao aussitôt qu’il correspond à une définition précise.
Il y aurait un idéal personnel (individuel) et un idéal collectif, ou dit autrement : subjectif et objectif. Ce qui expliquerait qu’il peut exister des conflits d’idéaux (ça sonne un peu bizarrement on dirait !).
On se demanda si l’idéal était d’origine transcendantale ou immanente…ou les deux.
Voire si tout simplement l’idéal ne serait pas un simple vision d’un modèle hypothétique. Par exemple définir le modèle du parfait citoyen (un idéal de citoyenneté), ce qui oblige ensuite à définir et développer les moyens de se rapprocher du modèle dessiné.
Mais se profile alors le danger de voir dans tous ces idéaux un moyen de manœuvrer les masses populaires… L’Histoire est largement illustrée de projets idéaux qui n’ont servi qu’à asservir le Peuple… Des histoires de paradis à la fin des temps, ou la promesse de lendemains qui chantent. L’idéal risque de conduire à l’intégrisme.
Ce qui dégage l’idée qu’il ne faut surtout pas confondre l’idéal à atteindre et les moyens pour y parvenir… Bref ne pas confondre le but et les outils… La fin et les moyens.
L’idéal pourrait en fait n’être qu’une illusion, mais où les vertus théologales (foi, espérance et charité) auraient parfaitement leur place.
L’attention a été portée sur le danger de confondre l’idéal au sens classique du terme (voir plus haut) et un simple paradigme (un modèle qui sert aussi longtemps qu’il reste utile, pour être ensuite remplacé par un autre paradigme), où le dit paradigme n’est en fait, une fois encore, qu’un simple outil.
Ainsi a été pris l’exemple de « l’hôtesse de l’air », modèle auquel rêvaient les jeunes filles. L’hôtesse « idéale » devait correspondre à des mensurations précises… Peut on ici parler d’idéal au sens qui a été défini ? Evidemment non, puisqu’il s’agit de changer les normes pour changer de modèle.
Il semblerait donc que « l’idéal » possèderait toutes les qualités, tous les attributs, et de ce fait se placerait hors de portée des êtres humains.
Il a fallu a un certain moment passer par Platon et son monde des Idées.
Monde des Idées et monde sensible… explique le philosophe, où le second n’est qu’un pâle reflet du premier. Ainsi lorsque l’on dit qu’une chose est belle, on se réfère à un modèle de Beauté qui existerait dans un mode idéal, totalement hors de portée (intellectuelle et sensible) des êtres humains. Il en serait ainsi non seulement des idées et mais aussi des concepts concernant les choses sensibles, comme par exemple les animaux (il existe dans le monde des idées un modèle du « parfait cheval », auquel l’on se réfèrerait (sans le savoir) à chaque fois que l’on parle de cheval… etc…)
Tout cela est un peu subtil, voire invraisemblable, et ne règle pas notre problème ce soir, qui est : L’homme a-t-il besoin d’un idéal ?
Question subsidiaire : A-t-il besoin d’un idéal pour progresser ?
Comme si toutes ces questions ne suffisaient pas, brusquement, la politique s’est invitée aux Rencontres. Il fut plus particulièrement question de l’actuel ministre chargé de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale, et du développement solidaire… En fait beaucoup de choses pour un seul homme, et surtout beaucoup de concepts, c’est-à-dire d’idéaux difficilement compatibles… Notamment ceux « d’identité » et de « nationalité ».
En bref que signifie l’identité nationale ? Vaste débat qui reste encore en chantier aux Rencontres, mais qui pose une nouvelle question : celle des frontières.
Frontières du pays, frontières de l’idéal, de la pensée… En fait cela amène à la notion de « limites »…
Ainsi un idéal peut il être « limité » ? La réponse pourrait être oui et non…
Non il n’est pas limité quand il s’applique à un concept, et Oui il est limité quant à l’étendue du concept « d’idéalité » lui-même …
Ou en dit autrement : chaque concept peut constituer un « idéal », mais il n’existe pas « d’idéal » en soi… Ou encore autrement : l’idéal à besoin d’un objet. Donc l’homme ne recherche pas « un idéal » mais « quelque chose d’idéal ».
Et l’on en arrive tout naturellement à la Maçonnerie. Qui vise tout particulièrement un idéal de perfection… Perfectionner toujours plus les vertus, progresser, purifier, rectifier pour arriver à l’essence même du mot « perfection », qui jusqu’à maintenant ne reste toujours et encore qu’un idéal, c’est-à-dire une vague idée de ce que pourrait être le Temple de l’Harmonie.
Apparaît alors le jeu des substitutions et notamment celle de perfection à idéal et vice versa.
L’idée (l’idéal), c’est toujours l’idée de quelque chose… Et l’Homme sait qu’il a besoin « d’idéal » lorsqu’il commence à dessiner, à imaginer, l’idée d’un objet (sens large), c’est à dire d’un concept (Harmonie, Liberté, Egalité etc…) parfait.
Prochaine Rencontre : Lundi 11 janvier 2010
Thème : Le progrès peut-il se tarir ?